TCHERNOBYL ET LES MAYAS

La traduction à la langue MAYA* (“Maya Yucateño“ / du Yucatan) du livre Tchernobyl Forever.

C’est en 1979 que l’auteur de “Tchernobyl Forever“, découvre le Yucatan et le pays Maya, à l’occasion d’un reportage sur l’explosion de la plate-forme pétrolière IXTOC ONE * (Note) à 80 km au large des côtes de Ciudad del Carmen (Estado de Yucatan-Mexique).

 

 

 

 

PHOTO: AGB – Paris-Match – 1979

Par la suite AGB est revenu et à séjourné à plusieurs occasions à Mérida, capitale du Yucatan. En 2006 il est responsable du démarrage du Dpt. Photographie, de l’ESAY  qui ouvrait ses portes dans l’ancienne gare de la ville. C’est ainsi que AGB à découvert l’histoire, la culture Maya et son identité moderne, et qu’il a lié des amitiés.

Antigua estacion de trenes de la ciudad de Mérida, ahora ESAY escuela superior de arte centro historico ciudad de Mérida – Yucatan – Mexique (Sténopée Francisco Martin ©)

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est le photographe-journaliste-reporter, Francisco Martin* (URL), qui a soulevé et explicité l’intérêt qui résiderait en traduire Tchernobyl Forever dans la langue Maya pour ouvrir un espace de rencontre à des représentants de civilisations disparues rapidement, brutalement, le peuple Maya et celui des “Tchernobyliens“. La portée symbolique était extraordinaire, magique, au-delà de sa portée informative, culturelle, artistique, politique, poétique, ethnologique, écologique… C’est ainsi que le projet de traduire le livre “Tchernobyl Forever“ en Maya, a commencé et s’est développé … Feliciano Sanchéz et ses étudiants en ont fait la traduction avec grand enthousiasme et un grand soin. En 2016, pour la commémoration des 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl, Francisco Martin a su intéresser les instances culturelles, sociales et touristiques de Mérida et du Yucatan, pour inclure “Tchernobyl Forever“ dans la programmation officielle des Fête du Cuculcan, expositions, projections, conférences …

Mil gracias a Alexandre Guillochon Director de la Alianza Francesa Mérida, a Jesús Carlos Vidal Peniche Delegado de la Comisión Nacional para el Desarrollo de los pueblos Indígenas (CDI), al Arqlgo. José Guadalupe Huchim Herrera Director de la Zona Arqueológica de Uxmal, Yucatán, al Lic.Saul Martin Ancona Salazar Titular de la Secretaría de Fomento Turístico del Gobierno del Estado, al Mtro. José Jorge Felipe Octavio Ahumada Vasconcelos Director de cultura del H. Ayuntamiento de Mérida.

Le 19 sept.2016 inauguration de l’exposition, en extérieur, 12 doubles pages du livre agrandies sur des bâches de 50 cm / 2m10 étaient accrochées sur les grilles du Musée de la Ville de Mérida, dans le centre ville, en face du Marché. Conférence dans les locaux du Musée, large couverture média.

Du 19 au 21 sept.

Le 22 sept. jour du solstice, du Nouvel An Maya, une projection-conférence était organisée dans la salle de conférence du site de UXMAL. Au pied des pyramides, juste avant le spectacle son et lumière du Nouvel An. Environ 180 personnes, villageois mayas des communautés alentours, son venues rencontrer “La poupée atomique“ et prendre conscience de l’horreur atomique. Moment magique, complètement improbable et de très grande émotion. Merci à Francisco Martin et à tous ceux qui ont rendu cette expérience possible. Merci à Javiera Venegas et à Patrick Chapuis pour la couverture photo et vidéo de l’aventure.

 

 

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D’une nuit à l’autre, de Tchernobyl Forever aux Indiens Mayas d’Amérique Centrale: savoir d’où l’on vient, pour mieux comprendre où l’on va.

Préambule

Alain-Gilles Bastide nous invite au douloureux constat de voir avec le nucléaire, nos vies dans la dépendance d’apprenti-sorciers. Lesquels apprentis n’en sont pas moins les héritiers de la civilisation grecque, elle-même héritière de la civilisation mycénienne… tenue aujourd’hui pour berceau de l’humanité. Cette histoire-là -la notre- semble s’être écrite au détriment d’une autre. Que serait-il advenu de nous si notre dynamique de développement eût été amérindienne? Le comparatif d’une civilisation à l’autre renvoie à la question toute simple: à quel prix une civilisation en domine et en balaie une autre? À question simple, réponse des plus complexes.

Considérant les Mayas, (et les civilisations amérindiennes d’Amérique du Sud), les “conquistadors“ -c’est-à-dire les colonisateurs espagnols- n’eurent de cesse que d’effacer, anéantir et refouler toutes traces de cette civilisation… Y sont-ils parvenus? La civilisation Maya se fondait, entre autre, sur  l’écriture dont le support écorce d’arbre était facile à brûler. Holocauste du livre indien préservant la domination sans partage du Livre judéo-chrétien… Cette chère “Sainte Bible“ dont le dernier chapitre s’appelle “Tchernobyl Forever“.

Au commencement était le verbe, nous dit le Livre saint… Et si par hypothèse ce verbe fut Maya, quelle histoire en aurait-il résulté pour l’espèce humaine. On peut objecter que “la raison du plus fort est toujours la meilleure“… Mais quand cette raison via “Tchernobyl Forever“ devient folie… Ne faut-il pas revoir sa copie ?

De “Tchernobyl“ au Maya, c’est dans l’ordre d’une entreprise et aventure critiques que Alain-Gilles Bastide, en chercheur conséquent,  entreprend de faire le lien, de franchir le pas, procéda-t-il d’un grand écart. On peut douter sérieusement de la capacité propre au système capitalisto-libéral mondialisé, à nous sortir de l’impasse où il nous a fourré! On peut être enclin à penser que l’impérialisme occidental en serait arrivé à cette phase ultime que n’ayant plus rien à perdre, il en viendrait à s’anéantir lui-même. Il y a là toute une théorie du suicide qu’illustre parfaitement l’avatar fasciste de Hitler et du terrorisme contemporain… “Tchernobyl Forever“ témoigne d’un monde agonisant qui joue à pile ou face avec sa survie, tant par son option nucléaire dont elle ne maîtrise en rien le devenir que par le développement insensé de son système d’exploitation des hommes et des choses, qui va bien au-delà de ce que peut supporter la nature… comme l’homme lui-même (qui a à son actif quelques révolutions avortées et malheureuses oblitérant lourdement l’avenir de l’espèce).

Comment l’espèce humaine évitera-t-elle l’anéantissement? Comment, si elle y parvient, organisera-t-elle sa survie et son développement? Quand on désespère de trouver des réponses en interne, il est de pur bon sens d’aller les chercher “ailleurs“. Tel paraît le sens de l’entreprise initié par Alain-Gilles Bastide à l’orée de cet automne 2016.

Sortir de la route …Et se remettre en piste

La route toute tracée, nous conduit à Tchernobyl … en droite ligne. On appelle cela : aller droit dans le mur! Et on a beau le savoir, on y va… Que TCHERNOBYL devienne FUKUSHIMA ne fait qu’entériner l’impasse, d’aucuns diraient l’imposture (1) dans laquelle nous barbotons. (2) Vraiment il paraît opportun d’abandonner la route toute tracée du développement en cours, pour retrouver des chemins buissonniers. Arrêter de jouer au cowboy et voir ce que l’on peut apprendre et assimiler de l’indien. Ainsi donc, revenir en arrière, à la croisée des chemins… Quand une civilisation a pris le pas sur une autre.

Jeu de pistes que celui que souhaite emprunter Alain-Gilles Bastide, auteur, on le sait, de l’ouvrage “Tchernobyl Forever“. Sa visite projetée en pays Maya excède la problématique mortifère de “Tchernobyl Forever“. Il s’agirait de donner à l’espoir une once de légitimité. Retrouver une errance bienfaisante. Devrait-on pour cela sortir des sentiers battus et aller chercher un semblant de réponse à l’impasse nucléaire, impérialiste et néocolonialistes, chez les opprimés. Car en tout état de cause, les Mayas sont toujours des Indiens, et des opprimés témoins vivants des méfaits de l’impérialisme.

Si une solution existe face à l’anéantissement programmé, elle ne peut être que dans l’impensé et l’impensable, et pour l’appréhender faire une place indispensable à ce petit “peu“ de poésie qui un tant soit ce “peu“ modifie le regard que l’on porte sur le monde et sur soi. C’est bien du côté de l’inconscient que-semble-t-il , il faille aller chercher… ce “peu“. (3)

Comment élargir le champ de réflexion au-delà d’un savoir ethno-centré, occidental, lourdement expertisé?… Et vainement expertisés. Car… par rapport aux danger encouru, vivement nommé, et renommé… dont nous serions avertis jusqu’à la saturation… il n’est que de constater, une incroyable force d’inertie. Que rien ne bouge. L’humain ne peut plus se penser que comme gisant.

Aller voir « ailleurs » si nous y sommes !

Gisant disions-nous et accessoirement comme déchet. Le nucléaire pose techniquement la question des déchets sans mesurer qu’il fait de l’homme lui même un déchet, une déjection, un inopportun mal venu. Nous sommes donc bel et bien en fin de partie! Comme disait ma grand-mère quand -petit- je l’importunait de questions: va voir “ailleurs“ si j’y suis ! Chiche !

Comme si le capitalisme libéral à l’apogée de sa puissance, se montrait  incapable de mettre en œuvre une gestion raisonnable du monde. Fatalité. Confusion totale du monde et du “grand monde“ petite catégorie sociale dite supérieure de ceux qui croient disposer du pouvoir et de l’argent et tenir entre leur main le sort du monde et des peuples. Il se pourrait que trop de puissance (cf. le nucléaire) n’ait pas d’autre débouché que l’impuissance. Heureuse dialectique. Mais mortelle dialectique qui n’a comme perspective que l’auto destruction.

Alors, il faut chercher ailleurs, car la solution n’appartient pas à la civilisation judéo-chrétienne et gréco-latine. Ailleurs… Aller à la rencontre des Mayas par exemple, pour donner configuration à cet “ailleurs“.

Une histoire qui reste à écrire

A priori, l’impérialisme a depuis longtemps stérilisé les ressources des civilisations indiennes en les enfermant dans l’exotisme et le folklore. C’est le philosophe marxiste italien Antonio Gramsci qui le premier, va mettre la puce à l’oreille aux opprimés. Pasolini le suivra sur ce terrain… Et dénoncera avec vigueur la tentative de mainmise des puissants sur l’imaginaire et leur capacité à nier, détruire et dévaloriser toute valeur issue du peuple. L’impérialisme se donne les moyens de produire une idéologie dominante tous azimuts; apte à récupérer tout acte de résistance ; apte à tout vendre, apte à tout assimiler: l’impérialisme est totalitaire et l’outil de son hégémonie serait la démocratie (formelle). L’impérialisme fixe le champ d’investigation autorisé et exerce hors de ce champ une censure impitoyable. Aucune place pour d’autres valeurs que les siennes. Faire retour sur les civilisations amérindienne, c’est poser un acte de résistance politique mais aussi se donner les moyens d’une pensée introuvable, et s’approprier une histoire qui reste à écrire.

Certes, les oppresseurs colonisateurs croient avoir pu rayer de la carte le système de valeurs, la culture de l’opprimé. L’impérialiste imbu de sa puissance pense avoir réussi son coup. Certes il a rencontré des résistances mais à l’usure, même s’il pense avoir expurgé et épuré les consciences de l’opprimé/colonisé de toutes “diableries“, et en avoir fait un serviteur servile de sa loi et de ses intérêts… ça résiste de toutes les manières.

Moi qui ça ?

Les “moiquiça“ sont un produit hybride de l’oppression impérialiste qui définit les contours des traites (les “blancs“ qui ne jouent pas le jeu de la supériorité civilisatrice), comme l’opprimé indien ou africain ex-colonisé qui ne joue pas non plus, le jeu servile qu’exige de lui l’impérialisme culturel (la morale comme la culture comme le vivre ensemble sont autant de tenue de camouflage du pillage économique de la planète).

Aller chez les Mayas c’est aller à la rencontre d’un questionnement sur soi dès lors qu’on se reconnait un lien, une filiation avec eux. Que peuvent-ils dire? Que pouvons-nous nous dire? Quelles mesures de nous-mêmes et réciproquement peut–il résulter de la rencontre? Rien ne peut s’anticiper d’une réponse possible à une question elle même impossible car dans cette approche il n’est rien à demander! Il n’y a qu’une disponibilité à offrir c’est tout le paradoxe de confronter “Tchernobyl forever“ à des indiens captifs d’une folie des hommes dont ils peuvent se dire innocents.

Car soudain Tchernobyl tragique histoire de mort trouve une reconversion brutale et improbable en histoire d’amour. On pense au “Captif amoureux“ de Jean Genet, remarquable témoignage de l’histoire du peuple palestinien! Car nous en sommes là de croire que l’Histoire serait celle des puissants alors qu’elle n’est fondamentalement que l’histoire des plus quelconques… Histoire anonyme des peuples! Mais nous l’avons dit cette histoire-là reste à écrire que tant d’écrivain français créole; Fanon, Edouard Glissant, Aimé Césaire… ont entrepris d’écrire en explorant la langue française… Comme Jacques Rancière ou Jérémie Piolat. Ce dernier met bien en évidence que l’oppresseur ne sort pas indemne de sa domination… Il se voit en quelque sorte contaminé, voire porteur à son insu des valeurs qu’il prétend fustiger censurer et refouler… Un inconscient se configure comme garde-mémoire. Et donc là où il y a refoulement, il n’y a pas lieu de s’étonner d’un retour du refoulé… On peut même le solliciter et s’en féliciter. Se munir de sa fonction poétique et s’attaquer à la langue, langue des mots comme langue des images et c’est avec ces deux fers au feu qu’Alain-Gilles Bastide monte au créneau ou à la barricade si l’on préfère.

S’ in-définir …Refus de s’arrêter sur une définition normée de soi

La vaine est féconde et ouverte dans laquelle s’engage, voire se sont engagés  depuis longtemps les “moiquiça?“ (variation de “ma quis’art“) dont nous venons d’évoquer quelques remarquables spécimen de Genet à Piolat. Membre de la tribu, Alain-Gilles Bastide poète/imagier comme il aime se définir ou pour mieux dire s’indéfinir, ouvre son chantier d’écriture à la vision maya des choses. Une vision qu’on pensera a priori a normale… Privée des normes en vigueur.

C’est bien de cela dont il sera question dans l’abrupte rencontre Tchernobyl/Maya : d’indéfinir le problème… C’est-à-dire de poser le principe d’un acte poétique comme seule alternative, comme seule réponse à l’inflation des expertises qui étayent la bonne conscience impérialiste sans rien changer sur le fond au problème. Contre le fric paramètre exclusif de la valeur, faire jouer l’instance du récit, d’une subjectivité amoureuse, d’émotions imprévues.

S ‘entendre

Poser la question du récit de sa nature et de sa fonction, c’est s’inviter à prendre le temps d’une écoute. Entendre aussi bien ce qui se dit que ce qui ne se dit pas or comme le hors champ du film en dit long sur l’image présentée, le silence ou les silences éclairent la parole qui se profère. Écouter la parole de celui qui est ailleurs, avec la patience et l’humilité nécessaire, procède du désir de s’entendre. Désir de s’aimer, désir d’aimer les Mayas. Désir d’étreinte. Des corps comme de la langue qui les parle. C’est la belle leçon de Genet vécue avec le peuple palestinien. Un peuple peut se prendre en bras et sa langue, en bouche !

Aux innocents les mains pleines dit-on, alors le pari serait que la civilisation maya et le peuple héritier de cette civilisation, innocente  du crime nucléaire peut nous en dire beaucoup.

Poète, Alain-Gilles Bastide ajoute à sa capacité de conteur, les ressources de l’art photographique. Il est intéressant de constater que la photographie est la pratique la mieux partagée du monde. Avec l’inflation des appareils portables, la société du spectacle dont Debord disait qu’elle était contraire au dialogue, atteint un degré de déliquescence vertigineux. Mesurer en passant à quel point la téléphonie portable est le tombeau de tout dialogue possible n’est pas le moindre des paradoxes.

La question qui reste entière : à quel moment et pour quelle raison une pratique langagière devient un acte poétique? Bien entendu, photo ou récit ou pratiques artistiques en général, les suppôts du capital s’entendent à en confisquer et détourner les finalités. À priori, comme le dit le grand philosophe Adorno: “La fonction sociale de l’art est de ne pas en avoir“ il suffit que ça communique pour que une juste suspicion mérite de s’entretenir. Comme le terrain d’investigation que choisit Alain-Gilles Bastide reste imprévisible, porteur d’incompréhension et d’énigme, l’espoir d’une musique à entendre en devient possible.

Certes, il existe une réalité que l’on pourrait dire documentaire. Une stricte identification et représentation des faits… mais ce paramètre si important soit-il ne peut pas recouvrir la réalité à saisir, surtout quand cette réalité dépasse l’entendement. Seul, l’acte poétique, venant au secours du documentaire, peut finalement rendre un juste compte de la réalité. Étant entendu que l’acte poétique n’est ni un supplément d’âme, ni une parure décorative… mais une signature. Un regard singulier pour ne pas dire étrange.

Pour être reconnue dans toute ses dimensions, secrète et avouée, la réalité a besoin que la mise au point, s’ accompagne d’un point de vue aussi singulier que possible. Point de vue qui se dégage de la langue et c’est le récit. Point de vue qui se dégage du monde de l’image et c’est la photographie. Dans tous les cas, l’imprévisible, l’inattendu sont  au rendez-vous.

Avec Tchernobyl Forever, Alain Gilles Bastide avait pris rendez-vous avec la mort atomique ; avec les Mayas ce sera rendez-vous avec un possible jaillissement des origines. Ainsi sachant mieux d’où nous serions venus, peut-être nous sera-t-il donner de  mieux comprendre où la vie peut nous mener. Autrement que par le bout du nez. “Quand on est dans la merde, il faut savoir chanter“ dit Beckett. Il pourrait bien s’agir de cela…

Un ami retour du brésil me le disait “c’est incroyable la misère qu’il y a là-bas, mais ils chantent!“

Oui, c’est incroyable !

Jean-Pierre Dupuy
Journaliste/Homme de théâtre
28 Août 2016
 1)- Sur le registre de l’imposture, on appréciera avec bonheur les analyses de Roland Gori. Président de l’appel des appels, Roland Gori dénonce l’emprise de la technique, des experts, des normes, du spectacle et des agences de notations financières qui assignent les citoyens à n’être que des exécutants serviles d’un système de consommation. Roland Gori dit ceci : « .. il faut arrêter de regarder le compteur et voir la route sinon l’on va dans le décor. Il faut permettre à l’homme d’éprouver ses expériences de vie. Il faut redonner au vivant toute sa place. Il y a une très belle phrase de Georges Canguilhem qui dit : « la raison est régulière comme un comptable ; la vie, anarchique comme un artiste ». Il faut être rationnel mais aussi avoir un peu de vie poétique en nous sinon on est mort. ». Dernier livre paru : « La fabrique des imposteurs » Edition Les Liens qui Libèrent. 2013
 2)- Nous employons le verbe  barboter car nous pensons au conte des frères Grimm « le joueur de flûte de Hamelin » …
3)-  Ce « peu » implique le risque que l’on se perde comme le formalise le psychanalyste américain s Adam Phillip dans son ouvrage « Trois capacités négatives » Edition de l’Olivier . 2009 .Adam Phillips explique que les cartes sont des objets de falsification …qui servent de leurre à l’homme pour éviter de se perdre alors que perdu …Il le serait  radicalement. Radicalement entendu là comme racine ..de son mal  être ? Phillips  rejoint donc Gori sur une stratégie du hors norme et d’une sortie des sentiers battus …

ESPAGNOL …

De una noche a otra, de Tchernobyl Forever a los Mayas: saber de donde venimos para comprender dónde vamos.

Qué habría pasado si nuestra dinámica de desarrollo hubiera sido amerindia?

La comparación de una civilización con la otra provoca una interrogación muy simple: ¿a qué precio una civilización domina otra y acaba con ella?

¡Se puede dudar seriamente de la capacidad propia del sitema capitalista-liberal mundializado y nuclearizado, para sacarnos del callejón sin salida a que condujo al mundo! El imperialismo occidental ha llegado a esa fase final en la cual, no teniendo nada más que perder, decidió aniquilarse a sí mismo. (Una forma de suicidio que ilustra muy bien el avatar fascista y el terrorismo contemporáneo: Tanto el del fanatismo religioso como el militar, industrial, económico, político o médiático, terrorismo de grupúsculos o de estados). A causa del desarrollo insensato de su sistema de explotación de los hombres y de los recursos, que va mucho más allá de lo que puede soportar la naturaleza, el porvenir de la especie ha quedado altamente dañado.

¿Cómo podría la especie humana evitar su propio aniquilamiento? ¿Y cómo, si lo logra, organizará su supervivencia y su desarrollo? Cuando uno se desespera al no encontrar respuestas desde dentro del propio sistema, es de puro buen sentido ir a buscarlas en « otra parte ». Buscar en otra parte ya que queda bien claro que la solución no pertenece ni a la civilización judeo-cristiana ni a la greco-latina.

Pienso que es más que urgente dejar de jugar al “cow-boy“ y ver lo que se puede aprender y asimilar de la cultura de los pueblos Indios. Por eso hay que echar la mirada atrás, al cruce de caminos, al momento en que una civilización tomó el paso sobre otra. Salir fuera de los caminos trillados e ir a buscar una posibilidad de respuesta en el punto muerto de lo nuclear, lo imperialista y neo-colonialista.

Si una solución existe frente a la aniquilación programada por la civilización dominante, solo puede encontrarse en lo que no se pensó, en lo impensable, y para aprehenderla hay que abrir un espacio a un « poquito » de poesía que modifique una pizca la mirada que uno lleva sobre el mundo y sobre sí mismo. Y debe ser por el lado del inconsciente, me parece, que será necesario ir a buscar este « poquito » …

Ir al encuentro del pueblo Maya, en su propio idioma, es ir al encuentro de un cuestoinamiento sobre si mismo, siempre y cuando se reconozca un nexo, una filiación con él, con su historia. ¿Qué nos pueden decir ? ¿Que podemos decirles ? ¿Qué medidas de nosotros mismos y reciprocamente pueden resultar del encuentro ? ¡En este planteamiento no hay nada que solicitar! Solo hay una disponibilidad a ofrecer. Una posibilidad que se halla en la paradoja de confrontar « Chernobil Forever » a un pueblo indio cautivo de una locura humana, de la que ellos son en definitiva inocentes. 

Es decir, se trata de plantear el principio de un acto poético como sola alternativa, como sola respuesta a la inflación de informes de « expertos » que apuntalan la buena conciencia imperialista sin cambiar nada sobre el fondo del problema. Ya que nada se mueve. El Humano no puede pensarse ya más que como yacente, y accesoriamente como desecho nuclear. Así, Chernóbil, trágica historia de muerte, encuentra de repente una reconversión posible, brutal e improbable, en una posible historia de amor. Estoy pensando por supuesto en el « Cautivo amoroso » de Jean Genet, extraordinario testimonio de la historia del pueblo palestino. Dice Genet, lo cito: «  Es este “poca cosa“ de orden poético que trasciende al sujeto y le da su autenticidad y su autoridad » Hemos creído que la Historia era la de los poderosos cuando fundamentalmente es la historia de los más humildes … Historía anónima de los pueblos ! Pero, ha sido dicho, esa historia queda por escribirse. 

Cierto, los opresores colonizadores creen que han podido borrar del mapa el sistema de valor, la cultura de los oprimidos, esterilizando los recursos de las civilizaciones indias, encerrándolas en el exotismo y el folklore. Piensan haber logrado su funesto propósito. ¡ Pero no ! Se trata de dar a la esperanza una pizca de legitimidad. Volver a un vagabundeo benéfico. Plantear la cuestión del relato, de su naturaleza y de su función, es invitarse a dedicar el tiempo a escuchar. Oir tanto lo que se se dice como lo que no se dice, -igual que el “fuera de campo » en el cine que dice mucho sobre la imagén presentada-, el silencio o los silencios alumbran la palabra que se profiere. Escuchar la palabra del que está en otro lugar, con la paciencia y la humildad necesaria, procede del deseo de entenderse.

Cierto, existe una realidad que se podría llamar de documental. Una estricta identitificación y representación de los hechos … Pero este parámetro tan importante como se quiera, no puede recubrir la realidad que hay que captar, sobre todo cuando esa realidad sobrepasa el entendimiento. Solo el acto poético, acudiendo en ayuda del documental, puede finalmente rendir justa cuenta de la realidad. Obviamente que el acto poético no es un suplemento de alma, ni un adorno decorativo, sino una firma. Una mirada singular, por no decir extraña. Para ser reconocida en todas sus dimensiones, secreta y reconocida, la realidad necesita de un enfoque que acompañe un punto de vista lo más singular posible. Punto de vista que surge de la lengua y es el relato; punto de vista que surge del mundo de la imagen y es la fotografía (o el film). En todos los casos, lo imprevisible, lo inesperado quedan citados. Asi, sabiendo mejor a dónde habríamos llegado, quizas podremos comprender mejor donde la vida puede llevarnos, de una forma distinta a la que se quiere imponer por narices.

Cuando se está de mierda hasta el cuello, no queda más que cantar“ dice Samuel  Beckett !
Jean-Pierre Dupuy
Periodista/Hombre de teatro
Agosto 28 – 2016

 

ATELIER / EXPOSITION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EXPOSITION TCHERNOBYL FOREVER EN MAYA. Sur les grilles du Museo de la Ciudad, face au Marché de la ville de Mérida.